Culture-Patrimoine
6 octobre 2023
La Place Schneider est le coeur et l'identité du Creusot. Elle mérite d'être préservée pour une rénovation à la hauteur et dont les options soient réellement présentées aux Creusotins.
Le projet municipal c’est de supprimer la place Schneider. Sublimons-la !
Il y a quelques mois je vous alertais sur la volonté de la mairie de vendre, en catimini, une partie de la place Schneider pour y élever une halle commerciale. A force de recours et face à la mobilisation populaire, ce funeste projet finira mort et enterré. C’est une première victoire.
Mais j’ai aussi demandé un débat public sur ce sujet. Il est, sur un lieu aussi fort et symbolique, essentiel. Nous découvrons pourtant dans la presse les projets du cabinet de conseil mandaté par la municipalité présentant une place Schneider recouverte d’arbres avec, en suspens, de savoir où se situera la portion de parking restant. Cela sans qu’aucune communication lors du Conseil municipal n’ait été faite ni aucune grande réunion publique sur le sujet. De qui se moque t’on ?
La nouvelle variante du projet municipal tel qu’il apparaît est finalement simpliste : supprimer une moitié du parking et recouvrir la place Schneider d’arbres et de bancs… Il est affligeant d’imaginer qu’il ait fallu payer un cabinet de conseil pour cela.
Mais quel sens y a t’il donc à boiser cet espace à proximité immédiate du parc de la Verrerie ? Nous disposons d’un magnifique parc de 28 hectares, mal entretenu parce qu’il n’y a aucune volonté politique en la matière (chacun peut aller voir l’état des bords de lacs par exemple) et il faudrait encore, au nom de principes écologiques dévoyés, planter des arbres juste à côté. Ca n’a aucun sens surtout lorsqu’en parallèle, le maire choisit de bitumer le parc de la Verrerie pour réaliser une piste cyclable....
Commençons par entretenir correctement le Parc de la Verrerie – et le parc des Carrières aussi – et l’ensemble de la végétation en ville. Qu’en est-il d’ailleurs du jardin des terrasses, face au château, totalement abandonné et en ruines ? Cela fait des années que je le demande en Conseil municipal, évidemment sans réponse. Nous avons besoin d’une politique des parcs et espaces verts, pas de se donner bonne conscience pas en végétalisant n’importe où et n’importe comment.
Surtout, ce projet sorti de nulle part apparaît totalement incohérent alors qu’il y a 5 ans, lors de la destruction des murs du parcs il fallait absolument, nous disait-on, dégager la vue sur le château (et on y installa des toilettes publiques). C’était l’argument de la valorisation du patrimoine, en faveur des restaurants, des promeneurs et des touristes. Une fois recouverte d’arbres, l’ensemble de la place, et en premier lieu les terrasses, seront évidemment totalement coupées du château.
On voit bien que d’une décision à l’autre le maire et son équipe naviguent totalement à vue sur le sujet.
Je n’ai d’ailleurs pas trouvé à ce jour d’adjoint capable de m’expliquer clairement ce qu’il en est du projet municipal pour la place Schneider.
Quant à la question du parking elle doit être posée et comprise totalement différemment. La mairie veut manifestement supprimer une moitié de places, en ajouter éventuellement rue Marcel Sembat (sans présenter aucun plan) et on ne comprend rien au projet de fond à part chercher à contenter un peu tout le monde.
Le vrai choix à présenter, à faire et à assumer, pour la place Schneider, c’est la rénovation avec maintien en l’état des places ou suppression totale du parking qui suppose une reconfiguration entière du quartier pour organiser les places de substitutions. Nous disposerions dans ce second cas d’une vaste place qui permettrait de tout imaginer. Bien organisé, tout le monde, habitants, commerçants, automobilistes, cyclistes, piétons, y gagnerait. C’était ces deux scénarios qu’il fallait travailler, ces deux alternatives radicalement différentes. Mais ça suppose du travail collectif, de la transparence et du courage. Trois éléments absents de ce dossier.
Implanter une halle commerciale puis vouloir recouvrir la place d’arbres ce sont deux projets insensés au service d’une idée simple: supprimer la Place Schneider. En cela ils s’inscrivent dans la continuité de la vieille volonté d’un de leurs prédécesseurs qui déplaça en son temps la statue dans un coin. Effacer les particularités de l’histoire Creusotine, être guidé par cela en 2023, apparaît totalement déphasé avec l’époque et les urgences de la ville. C’est pourtant bien de cela qu’il s’agit. C’est évidemment absurde.
Parce que transformer sans autre forme de procès la place en « espace de déambulation » c’est à peu près ne nourrir aucun projet. Quels en seront les bénéfices ? Personne ne sait les définir. L’espace de déambulation vide de passants et de vélos, à plus de 4 millions d’euros, qui vient d’être créé à l’entrée de l’avenue de Verdun devrait servir d’exemple. L’échec de la rénovation de la place de la Molette, il y a 10 ans, exactement sur le même modèle (déambuler, pour aller où ?) est devant nos yeux. En revanche on sait qu’on ne pourra par exemple plus organiser sur une place remplie d’arbres ou de halle commerciale aucun événement d’ampleur. Ni les existants (Fête de Saint Laurent, Rassemblements associatifs, Concerts) ni ce que nous pourrions imaginer comme beaux et grands événements rassembleurs.
Devant la volonté manifeste de la mairie de faire sans dire explicitement, et en tout cas de ne pas laisser le choix, il faut continuer à se mobiliser.
La mère de toutes les batailles, au Creusot, est démographique. Nous avons la chance de disposer, notamment par l’industrie, d’un flux de passage très important qu’il faut capter pour donner envie à ceux qui y travaillent de s’installer au Creusot. Dans cette perspective présenter une place agréable, facile d’accès, qui bouge, articulée autour d’un espace patrimonial valorisé est primordial.
Depuis 2013 j’évoque la nécessité d’en faire le grand lieu du rassemblement, de la culture, de la fête, au Creusot. Où chacun trouverait matière à vouloir venir, rester et revenir dans notre ville. Nous disposons d’une chance historique de ne pas faire n’importe quoi. Saisissons-la.
Plutôt que supprimer la place, sublimons-la !
Charles Landre