13 septembre 2024
Je souhaite un «plan de réussite économique, au Creusot, face à l'échec démographique et social»
Avec un tel socle industriel, une gare TGV, l’autoroute A6 à proximité, un site universitaire, une scène nationale, un hôpital, Le Creusot devrait être, à 1 heure 20 de Paris et moins de 40 minutes de Lyon, un modèle de plein emploi, une ville animée et un lieu d’innovation dont la population croît. Tout est réuni pour que ce soit le cas.
Pourtant, presque 40.000 habitants hier nous ne sommes plus que 20.800 habitants. Avec un taux de chômage de 8,3 % sur la CUCM (25 % plus fort que la moyenne départementale et le plus mauvais de Bourgogne) et 16,1 % de taux de chômage déclaré à l’Insee, avec 19 % de taux de pauvreté et désormais près de 40 % de plus de 60 ans, nous vivons une anomalie démographique et sociale.
Cette année, le classement par l’État en quartiers prioritaires, du Tennis (étendu jusqu’au quartier du Parc), et de la Molette, auxquels Harfleur, la Charmille et les Riaux s’ajoutent comme « poches de pauvreté » indique que plus d'un Creusotin sur trois vit donc désormais dans un quartier cumulant les critères de pauvreté. Le maire, ce qui est insensé, s’en félicite au nom des dotations supplémentaires que la ville touche.
Cette baisse de la population et la paupérisation ainsi que le chômage persistant, pèsent lourdement sur la ville. Mais avec de tels atouts, pour peu que l’on prenne conscience de ce décalage et que nous osions tout changer, nous pouvons engager un vrai projet de réussite économique qui profite à tous. Un projet en rupture avec ce auquel nous sommes habitués depuis un demi siècle ici.
Il est besoin d’idées neuves, d’un cap et d’objectifs clairs. Fixons nous, pour l’horizon 2030 l’objectif d’atteindre l’un des plus faibles taux de chômage de Bourgogne, que le Creusot et la CUCM deviennent les premiers lieux de création d’entreprise et que le taux de pauvreté chute d’un quart au moins.
Il faut commencer par engager la baisse des impôts locaux puisque de façon insensée la pression fiscale est extrêmement forte avec un taux de taxe foncière de 52,5 % malgré une population dont l’écart de revenu fiscal avec la moyenne Française s’accroît. Le maire a d’ailleurs choisi à deux reprises depuis 2020 d’augmenter les impôts et la taxe foncière, qui est par exemple désormais de 25 % supérieure à celle de la ville Beaune, ville de 20.000 habitants la plus proche. Nous vivons donc cette situation d’échec social à crédit sur le dos des habitants.
Il faut aussi enfin engager la diversification du tissu économique. C’est un long travail qui suppose de choisir et d’exposer une stratégie par filière, de savoir construire un projet pour séduire des entrepreneurs, plutôt que multiplier les subventions aux entreprises ou dépenser des dizaines de millions en infrastructures publiques mal définies. Cette pratique de la subvention et de la structure publique a vécu, elle est aussi coûteuse qu’inefficace.
Le Creusot doit être une grande ville de l’innovation. Nous disposons, avec l’IUT et l’Université d’institutions dont il faut soutenir les initiatives. Mais nous devons imaginer plus grand, les formes les plus malléables possibles d’accueil pour attirer ici les meilleurs cerveaux de France.
Nous disposons de la position géographique, des structures et des infrastructures de transports pour cela. Utilisons les enfin. Cela fonctionne d’ailleurs aussi pour la vie culturelle.
Pour séduire il faut un projet urbain cohérent. Lorsque sur, les seuls déplacements domiciles travail avec la région chalonnaise, 800 personnes viennent travailler chaque jour sur la CUCM sans y vivre, c’est un gros problème. La multiplication infinie des zones commerciales, l’étalement pavillonnaire, la construction systématiques logements sociaux dans une ville qui perd des habitants, la dégradation du patrimoine, sont autant de choix qui fragilisent la ville. Nous devons enraciner un centre ville fort et animé, c’est une priorité, sauvegarder le patrimoine 19ème et 20ème en l’ouvrant aux habitants, limiter la construction aux logements de qualité, et présenter un plan d’entretien des routes et des trottoirs. Nul ne peut avoir envie de s’installer dans des quartiers résidentiels laissés à l’abandon.
Enfin exprimons clairement la volonté de ne plus disposer d’aucun quartier cumulant ces critères de pauvreté dans 10 ans. C’est un choix de rupture qui impose de construire une politique sociale qui ait pour premier objectif de sortir les habitants de la misère et qu’ils deviennent indépendants des politiques publiques municipales. Les politiques sociales ne doivent plus être d’insupportables outils de clientélisme mais des lieux d’accompagnement vers le retour à l’emploi pour tous ceux qui le peuvent. Cette dimension sociale doit être pensée en même temps que le projet économique.
La lutte contre la misère, c’est aussi combattre l’omniprésence de la consommation de drogue et les incivilités répétées qu’elle génère. La lutte contre les trafics doit être totale.
Bâtissons un grand projet de réussite économique. Alors que nous flirtons avec la barre de 20000 habitants, il est indispensable pour la ville et il sera indispensable d’en mesurer, tous les ans, l’efficacité.
Tout doit nous inciter à l’optimisme. Si nous disons la vérité et que nous substituons à l’auto satisfaction permanente, le courage, le travail, la compétence et surtout l’audace d’essayer ici de faire ce que les autres n’osent pas, alors nous réussirons.
Charles Landre
Leader de l'opposition au Creusot
Secrétaire de circonscription Les Républicains